Daniel O’Connell, désigné comme le « Libérateur » par ses compatriotes pour lesquels il personnifiait la dignité retrouvée, a transformé le nationalisme irlandais et bousculé l’ordre politique au Royaume-Uni dans la première moitié du xixe siècle. Il « s’est incarné un peuple », écrivait de lui Balzac. Orateur charismatique, il s’est distingué comme fer de lance d’une agitation populaire inédite et comme député à Westminster, à la pointe du combat contre l’esclavage. Il est aussi devenu une référence sur la scène internationale, alors que l’Irlande faisait figure de laboratoire de la modernité démocratique. Son parcours éclaire la riche expérience de mobilisation collective qui a rendu les catholiques irlandais acteurs de la conquête pacifique de nouveaux espaces du politique. Ce « moment O’Connell » de l’histoire irlandaise offre une mise en perspective des débats actuels sur l’incarnation en politique, à l’heure de la crise de la démocratie représentative et de la montée des populismes.