Avant de recueillir une adorable chatte sur son palier, Paul Plaque aurait pu s’appeler « L’Homme qui n’avait pas d’histoire », mais ç’aurait été beaucoup moins drôle !
D’une implacable logique, aussi cauchemardesque qu’absurde, ce roman malmène son héros, le plongeant dans une cascade de situations toutes plus extravagantes les unes que les autres, pour une terrifiante descente aux Enfers jusqu’au Jugement dernier, à la cave.
Petit clin d’œil à Franz Kafka ?
Irréalistes partout ailleurs, ces conjonctures n’ont de sens que dans le huis clos de l’immeuble de standing où se déroule toute l’action.
Petit clin d’œil à Jean-Paul Sartre ?
Le lecteur compatit avec d’autant plus de sympathie aux malheurs de Paul Plaque que l’auteur, malin, n’a de cesse de l’impliquer avec ce « tu », asséné à toutes les phrases.
Bavard, « l’homme qui n’avait pas de chat » est aussi un doux rêveur qui s’accorde, le temps d’un audacieux chapitre, une bienheureuse parenthèse dans le confort de ses pensées, l’occasion pour nous de pénétrer son univers fait d’anecdotes pimentées de réflexions philosophiques ou morales, le tout agrémenté d’une copieuse dose d’humour érudit et potache.
Petit clin d’œil à Nicholson Baker ?
L’Homme qui n’avait pas de chat, c’est peut-être aussi et avant tout un fabuleux exercice de style, où facéties lexicales et hardiesse grammaticale surprennent et divertissent autant que les péripéties du héros.
Un roman singulier, donc, intelligent, et aux indéniables vertus récréatives. Chat, par exemple !