L'homme qui voulait être aimé
« Ne cessez jamais de croire en des causes justes et gardez la passion intacte le plus longtemps possible, car je le sais aujourd'hui : même les héros sont parfois fatigués. »
Ainsi se raconte l'avocat Georges Kiejman, dont l'ascension singulière épouse l'histoire d'un siècle tumultueux. Né à Paris en 1932 de parents juifs polonais illettrés qui ont fui la misère, il échappe miraculeusement aux rafles et à la déportation mais ne reverra jamais son père, assassiné à Auschwitz. S'ensuit un incroyable parcours, de la pièce unique dénuée de tout confort qu'il partage avec sa mère, dans le Belleville de l'après-guerre, aux ors de la République.
Rapide, intelligent, cultivé, séducteur, mais aussi implacable et déterminé, il devient le défenseur du monde de l'édition et de celui du cinéma, l'ami de Simone Signoret et François Truffaut, le conseil de Carlo Ponti et de Claude Gallimard. À cette époque, il fait également une rencontre fondamentale en la personne de Pierre Mendès France que lui présente Françoise Giroud dont il est proche. Époux de l'actrice Marie-France Pisier, puis de la journaliste Laure de Broglie, il accède à la notoriété en sauvant de la réclusion criminelle à perpétuité le révolutionnaire et braqueur Pierre Goldman. Il sera ensuite de tous les grands procès - Malik Oussekine, Lucie et Raymond Aubrac, Georges Ibrahim Abdallah, Liliane Bettencourt et tant d'autres. À la fin des années 1980, il devient ministre de François Mitterrand avec lequel il partagera vacances et conversations sur la littérature.
Au carrefour des arts, de la justice et de la politique, grand amoureux de ses femmes à qui il rend un hommage pudique, Georges Kiejman lève le voile sur ce que cachent sa robe noire et son ironie : un homme qui voulait être aimé.