Michal Waszynski (1904-1965) a réalisé le chef-d'oeuvre du
cinéma yiddish, Le Dibbouk, en 1937. Mais sa biographie officielle
est une imposture. Somptueux et mensonger, prince et
Juif errant, le voici vraiment tel que Samuel Blumenfeld nous
le raconte.
Comment un juif né en Volhynie, c'est-à-dire nulle part, a
pu se faire passer pour un prince catholique et un aristocrate
polonais ? Comment a-t-il échappé à la déportation ? Est-ce
l'amour qui commande au mariage entre cet homosexuel
raffiné et une comtesse romaine octogénaire qui lui lègue sa
fortune ? A-t-il vraiment lancé Audrey Hepburn, secondé
Orson Welles sur le tournage d'Othello, assisté Joseph
Mankiewicz sur La Comtesse aux pieds nus ? Dans l'Espagne
franquiste, ce prince d'opérette qui possède une Rolls aux
poignées en or massif va créer le plus grand studio d'Europe.
Détournant des sommes considérables, exploitant des
scénaristes black-listés à Hollywood, utilisant la propagande
chrétienne comme déguisement de ses folies, il produit entre
autres Le Cid avec Charlton Heston ou reconstruit la Cité
interdite pour Les 55 jours de Pékin.
Le Prince imaginaire, c'est le dernier Nabab et Zélig en
même temps.