Rejet du «réel» au profit du «virtuel», banalisation de la violence, perte de légitimité des figures de l'autorité, montée des diverses toxicomanies, attitudes inédites face à la procréation comme face à la mort, nouvelles formes de libertinage, difficultés d'une jeunesse sans perspectives, multiplication spectaculaire des états dépressifs...
Il s'opère aujourd'hui une évolution radicale des comportements des individus et de la vie en société, laquelle suscite en retour le désarroi des humains, à commencer par ceux qui font profession d'éduquer, de soigner ou de gouverner leurs semblables. Cette mutation à la fois de la subjectivité et de l'existence collective, Charles Melman l'appelle «la nouvelle économie psychique». Le moteur n'en est plus le désir mais la jouissance.
L'homme du début du XXIe siècle est sans boussole, sans lest, affranchi du refoulement, moins citoyen que consommateur, un «homme sans gravité», produit d'une société libérale aujourd'hui triomphante et qui semble n'avoir plus le choix: il est en quelque sorte sommé de jouir.