La mécanisation de l'humain a marqué le début des
temps modernes. L'extension des technologies dites intelligentes
consacrera-t-elle son aspiration à la bêtise ?
«Appuyez sur la touche étoile», répète le serveur vocal
qui contraint son interlocuteur à faire la bête pour être
servi. Si les machines prétendent nous simplifier la vie,
elles réduisent aussi nos comportements à la logique
de leur fonctionnement dépourvu d'ambiguïté, d'ironie
ou d'émotions. Parce qu'elle est insidieuse, la déshumanisation
est redoutable.
Jean-Michel Besnier dissèque ici sans ménagement
«l'homme simplifié» que nous consentons à devenir, au
gré des conceptions scientifiques et des innovations
techniques. Étonnante, cette servitude volontaire appelle
une révolte d'un nouveau style, que seule attiserait
encore la littérature : celle de l'homme revendiquant sa
complexité et son intériorité comme le signe de sa liberté.