Autant le dire d’emblée, il va être question, dans ce travail, d’homosexualité féminine, c’est-à-dire de femmes, de relations amoureuses entre les femmes, de relations sexuelles entre les femmes (réelles, imaginaires, niées, caricaturées ou fantasmées). Si l’on examine les textes et les images des sociétés grecque et romaine depuis le viie siècle avant J.-C. jusqu’au début du iiie siècle de notre ère, on constate que les relations entre femmes ont suscité un discours rare, mais toujours particulier. Lorsque les Anciens évoquaient cette possibilité, ils le faisaient dans des contextes très différents de ceux qui suscitaient l’évocation de relations entre hommes ou entre individus de sexes opposés. Cette différence d’attitude exige une approche spécifique. Jusqu’à présent, en effet, de nombreuses questions sont restées sans réponse : quelle place les Anciens donnaient-ils aux relations entre femmes ? À quelles pratiques humaines étaient-elles associées ? Étaient-elles intégrées au système de catégorisation et d’évaluation morale des pratiques sexuelles ? Quels types de discours suscitaient-elles ? À quel imaginaire social le discours sur ces pratiques se référait-il ?