« Du 26 au 29 novembre 1812, se déroula le dernier acte de la campagne de Russie. Après avoir procédé à la réorganisation de ses troupes à Orcha, Napoléon apprend que les ponts de Borisov, enjambant la Bérézina sont aux mains des Russes. Il faut pourtant passer. L'Empereur ordonne alors un important mouvement de troupes au maréchal Oudinot devant la petite ville de Borisov afin de tromper l'amiral russe Tchitchagov, puis charge le général du génie Eblé de construire dans l'urgence deux ponts au gué de Studianka. Le passage des troupes s'effectue alors dans des conditions météorologiques extrêmes : si dans la journée le froid n'est pas excessif, la nuit la température oscille entre moins 20 degrés et moins 30 degrés...
Trois batailles se déroulent autour des ponts. À Borisov, le général Partouneaux et sa division se heurtent à Tchitchagov. Le général Doumerc et sa cavalerie effectuent des charges héroïques sur la rive opposée de Studianka à Brill ; enfin le dernier combat se situe aux abords même du gué de Studianka. »
Christophe Bourachot
C'est précisément le combat désespéré de la 12e division d'infanterie du général Partouneaux et de la 30e brigade de cavalerie du général Delaitre qui lui fut attachée quelques jours avant le passage de la Bérézina, que cet ouvrage reconstitue aujourd'hui dans son intégralité, grâce aux témoignages de ceux qui le menèrent avec héroïsme.
Devant assurer seule l'arrière-garde de la Grande Armée face à trois armées russes sur le point d'opérer leur jonction, cette division française, à bout de force et de ressources, dut se résoudre en effet à déposer les armes au matin du 28 novembre 1812. Face à une telle adversité, la reddition devenue inexorable de ses derniers combattants fit cependant l'objet, non seulement d'une condamnation publique de la part de Napoléon, mais aussi de nombreuses critiques au sein même de l'institution militaire.
À leur retour de captivité, Partouneaux et Delaitre, ces deux frères d'armes, s'efforcèrent de laver leur honneur bafoué dans le 29e Bulletin et les récits parfois fantaisistes des grands mémorialistes de l'époque, dont aucun pourtant ne partagea leur sort tragique. Seuls quelques rares survivants purent témoigner avec objectivité et réalisme du sacrifice que l'Empereur leur imposa pour le salut de son armée.