L'humain augmenté
Jusqu'où et à quel point le transhumanisme martèlera-t-il prophétiquement son insubordination au hasard, aux bifurcations, aux discontinuités ?
Il ne s'agit pas ici de survaloriser l'inattendu aux dépens du conjecturable, sous le prétexte spontané et absurde que le second refuserait au premier un accès à la scène existentielle.
Notre intérêt porte davantage sur ce qu'il pourrait advenir de nous, si nous choisissions un jour de construire nos itinéraires existentiels sur les voies unidimensionnelles du calcul, de l'anticipation et de la prévisibilité.
« Le sujet est d'importance, puisqu'il touche à l'essence même de l'humain, l'Être vers la mort ("Zum Tode") au sens heideggérien, ce qui fait la grandeur et la finitude de notre espèce animale. [...]
C'est bien cela qui incite, à partir de ce livre, à prendre en compte ce que la philosophie grecque nommait apocatastase, signifiant tout simplement la restauration finale. Penser la mort, penser la finitude de l'existence humaine, tout ce qui est induit par cette mise en perspective qu'est la déréliction, tout cela conduit, d'une manière paradoxale, à penser avec sérieux ce qu'est l'apocalypse. Mais bien évidemment il faut redonner son vrai sens au mot apocalypse, à savoir non pas un sens catastrophiste,
qui aurait à voir avec la collapsologie contemporaine, mais une signification qui rappelle, tout simplement, que ce qui est en jeu est toujours une révélation.
Voilà ce que le livre d'Alexandre Carbonneau m'a évoqué et qui m'a incité à écrire cette petite préface pour les lecteurs exigeants ne se contentant pas des lieux communs sempiternellement répétés par des intellectuels sans imaginaire. Un chemin de pensée est, ici, proposé. À nous de le suivre ! »
Michel Maffesoli