L'Hypnose théâtrale est le livre qui approfondit et réoriente l'essentiel des travaux que Jean-Marie Apostolidès a consacrés au théâtre, plus particulièrement au théâtre français dans ses rapports avec une société dont il a décrit de façon visionnaire les mutations fondamentales.
Jean-Marie Apostolidès se penche sur le tournant historique décisif des années 1870-1914, entre le Second Empire et la Modernité, qu'il est le premier à analyser de cette manière : le passage du « théâtre frontal », où les comédiens sont en contact direct avec le public, à un « théâtre hypnotique ». Celui-ci voit l'apparition de l'esthétique du quatrième mur, qui fait de la scène un espace fictionnel autonome où les comédiens sont perçus comme des êtres réels.
Cette mutation engendre une nouvelle manière de participer au spectacle que ce livre analyse dans ses rapports avec le climat psychologique et sociologique de l'époque. Ce climat est celui d'une crise profonde, d'un sentiment de dégénérescence et d'épuisement, dont le théâtre, alors central, constitue l'un des remèdes.
À partir de trois oeuvres qui ont marqué profondément la Fin de Siècle, L'Arlésienne d'Alphonse Daudet, Ubu roi d'Alfred Jarry et Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, l'auteur dégage le dispositif qui a permis aux spectateurs d'assimiler l'affaiblissement de la structure patriarcale autoritaire.