Libérer le nouveau monde
La fondation des premières républiques hispaniques
Colombie et Vénézuela (1780-1820)
Pourquoi les premières républiques du monde hispanique sont-elles
nées, au Nord de l'Amérique du Sud, entre Caracas, Carthagène-des-Indes et Bogotá ? Comment, à l'aube du XIXe siècle, expliquer le
surgissement précoce du régime de l'égalité civile au sein de sociétés
organisées par les hiérarchies du statut et de la race ? Que doivent ces
nouvelles républiques aux révoltes et aux révolutions de la Caraïbe
française ou néerlandaise ? Comment « régénérer » un « peuple
esclave » en une nation émancipée, et transformer Indiens, métis et
libres de couleur en citoyens ?
Les révolutions de Terre-Ferme forment un pan oublié de l'histoire
du républicanisme moderne. Elles voulurent faire d'une société
coloniale un peuple d'égaux devant la loi, détruire le principe de la
« pureté de sang », abolir la noblesse, sans guère toucher à l'esclavage.
Ces guerres d'indépendance furent le fer de lance politique et militaire
de l'émancipation de l'Amérique du Sud. Leurs cohortes combattirent
jusqu'à Potosí et Bolívar convoqua un congrès à Panamá dans le but
de fédérer les jeunes nations américaines. L'idée républicaine s'est
aussi construite loin de Philadelphie et de Paris, avec le soutien
des « gens de couleur ». Ces premiers États sans roi de l'Amérique
latine s'inscrivent, de plein droit, dans la séquence des révolutions
atlantiques, contribuant ainsi à redessiner la carte politique du monde
contemporain.