Si le lien entre désir de connaître (libido sciendi) et désir
érotique (libido sentiendi) se trouve déjà suggéré dans les
Écritures, il devient explicite à partir de la Renaissance et joue
un rôle crucial dans la configuration de la science moderne. Il
s'agit ici de conter l'histoire de cette relation entre le savant,
être désirant, et la femme, image de la Nature - en suivant son
évolution dans la littérature, mais aussi dans l'art et le cinéma.
C'est toujours le désir qui pousse le savant à vouloir connaître,
qu'il soit inventeur de machines amoureuses, eunuque de
la science régnant sur un harem de Vénus anatomiques, ou
homme au scalpel en quête de cobayes consentantes. Désir
érotique, désir de pouvoir aussi, car la femme reste indésirée
dans ce cercle du savoir.
À une époque où la Nature fait plus que jamais les frais de
notre mode de vie et où le silicone injectable a la part belle,
cet essai montre à l'évidence que la recherche scientifique n'a
pas pour seule source le projet de connaissance rationnelle :
elle a partie liée avec une histoire du désir et du sentiment.