Ils s'appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor... Tous sont
esclaves en Guadeloupe, à la Réunion et en Martinique dans la première
moitié du XIXe siècle. Ils s'expriment, «libres et sans fers», selon l'expression
consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes,
de mauvais traitements, parfois de meurtres. Leurs témoignages inédits
racontent le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, soumis aux
châtiments les plus rudes qui entretenaient la terreur et provoquaient
parfois la mort.
Ces précieux fragments de vie éclairent les conditions de vie des esclaves
sur les plantations et en dehors, les liens qui les unissent à leurs pairs
(solidarité mais aussi violence) ou à leurs maîtres et commandeurs, leur
culture et les moments privilégiés où ils peuvent échapper aux impératifs
de leur statut. Ni rebelles obsédés par la destruction de la société coloniale
ni aliénés, ils projettent une humanité digne face à des maîtres qui le plus
souvent refusent de renoncer au pouvoir absolu sur cette main-d'oeuvre
jusqu'au bout assimilée à leur propriété.