Des Républiques, la France n'en a pas connu seulement cinq. Nous avons eu des Républiques girondine, montagnarde, thermidorienne, césarienne. La monarchie de Juillet s'est présentée aux Français comme la <
On a parlé de République des ducs, mais aussi des camarades, des comités, des professeurs, des députés et des partis. Nous avons la République au village, la République rurale, celle de la Commune de Paris ; des Républiques conservatrice, opportuniste, libérale, radicale, démocratique, sociale ou socialiste - sans parler de la République bourgeoise.
Il était temps qu'un historien, bien connu pour son attachement aux Républiques tant au passé - Claude Nicolet a publié dans la même collection Le métier de citoyen dans la Rome républicaine (1988) - que dans la France contemporaine - auteur du Radicalisme (1957), il a été rédacteur en chef des Cahiers de la République -, se demande si, en français, le mot République a un sens, et lequel.
Ce livre ne se limite pas à un historique de l'idée républicaine depuis ses origines jusqu'à la grande synthèse idéologique de la Troisième République, en passant par le creuset révolutionnaire, l'oeuvre des Idéologues, les élaborations théoriques du XIXe et la Constitution de 1875. Il est aussi et surtout, sur la base d'une lecture attentive des oeuvres aujourd'hui oubliées des ténors et des Pères fondateurs, des sociologues et des juristes, des historiens et des pédagogues, une histoire critique de la raison républicaine, une enquête sur les fondements de l'ordre républicain : fondements du lien social (le contrat, la Déclaration des droits, le Code civil) ; fondements du lien politique (avec les notions de souveraineté, de représentation, de laïcité). Et plus largement encore, conditions sociales et intellectuelles de la morale et même de la science républicaines.