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En renonçant à assumer son identité, l’Europe enchaîne les paradoxes. Le premier est celui d’une culture universelle qui — Hugo, Valéry ou Camus en témoignent —, n’a pas posé de problème aux créateurs qui s’en réclamaient. Le deuxième paradoxe est celui du refus de donner un contenu à l’idée d’Europe : parler de son identité serait une illusion rétrospective ou le masque d’un colonialisme culturel plus pernicieux que celui du passé. Le troisième paradoxe tient à ce que cette critique de l’Europe utilise ses propres outils intellectuels pour mettre en doute son existence. Mais en suivant la forme de ses récits, de ses connaissances et de ses œuvres, il est possible de donner un sens à la quête de l’identité européenne.Si l’Europe n’ose plus se réclamer de sa culture en abdiquant son origine et son destin, elle se dissoudra sans voir qu’elle se prive tout simplement de sa présence au monde.