Homo aequalis, II
L'idéologie allemande
France-Allemagne et retour
L'étude de la société indienne a été pour Louis Dumont (1911 -1998) le point d'appui d'une enquête comparative sur la civilisation moderne dont le présent ouvrage représente une nouvelle étape.
Dans Homo hierarchicus (Tel, n° 9), analyse désormais classique de la société des castes, Louis Dumont a étudié la société égalitaire à la lumière de la société hiérarchique de type pur, afin de rendre meilleur compte de la formation de la civilisation occidentale moderne, égalitaire et individualiste, par rapport à ce que l'auteur appelle une civilisation
holiste, fondée sur un système de valeurs globalisant et hiérarchique.
Cette mise en place est advenue à travers la genèse et l'épanouissement de l'idéologie économique, qui a accentué un clivage fondamental de valeurs entre deux types de relations - relations des hommes entre eux et relations des hommes aux choses (Homo aequalis, I, Tel n° 53).
Avec L'idéologie allemande (Homo aequalis, II), la comparaison se déplace à l'intérieur même du monde contemporain, afin de cerner les variantes nationales de l'individualisme moderne. Louis Dumont s'attache plus spécialement à la mise en perspective réciproque des versions française et allemande, chacune fortement typée : l'idéologie universaliste posera que l'on est « homme par nature et français par accident », tandis que l'idéologie de l'identité collective assumera que l'on est « essentiellement un Allemand et un homme grâce à la qualité d'Allemand ». Il en résulte une vue profondément renouvelée, par exemple, tant de la fonction du thème de « l'éducation de soi-même » (Bildung) dans la culture
allemande que de l'idéologie politique française.