L'idéologie du renoncement
Chute du bloc communiste. Mondialisation. Fin des idéologies et victoire inéluctable du capitalisme. Face à cela, les bien-pensants, de droite comme de gauche, n'ont qu'un refrain : le changement pour s'adapter, pour prendre en compte la nouvelle complexité du monde qui nous entoure. Tout système de pensée théorique et argumenté est alors décrit, par ces évangélistes de l'idéologie dominante, comme le chemin du totalitarisme. Nous serions rentrés dans l'ère du « pragmatisme », du « réalisme ». Certains modernisateurs ont cessé de hanter le champ politique, mais d'autres ont pris le relais et ont réussi à changer durablement les modes de pensée du socialisme français. L'évolution a été progressive, douce, mais inéluctable. Pour quel résultat ? Une modernisation du vieux socialisme, ou un abandon des principes socialistes pour permettre une normalisation social-libérale ? Le PS est-il encore socialiste ? Dans cette acceptation d'un système capitaliste que le socialisme avait entrepris de dépasser, le changement n'est pas circonscrit à la seule économie de marché. Bien au contraire, tous les fondamentaux, les principes, les héritages du socialisme sont enterrés. Plus que d'une rénovation, c'est donc bel et bien d'un renoncement qu'il faut parler, non pas pragmatique et gestionnaire, mais idéologique, car touchant aux structures mêmes de la pensée socialiste.