La crise politique française entre dans sa phase la plus aiguë depuis plus de trente ans, avec l'éclatement des blocs sociaux traditionnels, de gauche et de droite. L'éloignement des partis « de gouvernement » des classes populaires semble inexorable ; il laisse sur la touche, d'un côté, artisans, commerçants et petits entrepreneurs déçus par la timidité des réformes de la droite libérale et, de l'autre, ouvriers et employés hostiles à une unification de l'Europe des marchés à laquelle le parti socialiste reste attaché. La présidence Hollande a marqué l'échec définitif des tentatives de concilier la base sociale de la gauche et la « modernisation » du « modèle français ».
Ce livre poursuit l'analyse avec un chapitre inédit sur la présidence Macron. Les « réformes structurelles » attendues par un « bloc bourgeois » aspirant à dépasser le clivage droite/gauche par une nouvelle alliance entre classes moyennes et supérieures ont été engagées à vive allure. Aucun doute n'est possible : la vision macronienne de l'économie exprime bien en actes celle d'un banquier d'affaires. Dans un paysage politique fragmenté, l'avenir du « modèle français » dépend désormais de l'issue d'une crise politique qui n'est pas liée à des querelles d'appareils et encore moins de personnes, mais à la difficulté de former un nouveau bloc dominant. Elle est loin d'être terminée.