Mars 1995. Les Nations Unies mettent fin à l'opération internationale
déployée depuis deux ans dans une Somalie en déliquescence.
Le territoire de l'ancienne République, atomisé, est abandonné aux
ambitions personnelles des chefs de factions et à l'égoïsme des clans.
Sur le plan politique émerge l'idée de reconstruire le pays non pas
à partir de ses institutions étatiques mais à partir de ses régions,
souvent engagées déjà dans une logique d'apaisement. Dans le
Nord du pays, le Somaliland qui depuis 1993 a autoproclamé son
indépendance montre la voie, suivi un peu plus tard du Puntland
qui décrète son autonomie. Dans le Sud et le Centre en revanche, en
dépit de conférences de réconciliation manquées, l'exercice est plus
compliqué. Les régions existent, bien identifiées, mais les chefs de
factions ne parviennent pas à consentir les renoncements nécessaires
au rétablissement de la paix.
Cette instabilité n'empêche en rien les affaires, licites ou
délictueuses, de s'organiser en un système largement mondialisé qui
n'a rien de chaotique.
Sur cette scène qui n'est pas sans rappeler la période ante-coloniale
et sur fond de lutte d'influence arabo-éthiopienne, le président de la
République de Djibouti organise en 2000 une réunion qui se veut
définitive. Bien que mené avec soin, l'exercice ramènera vers un
pouvoir plus que virtuel nombre d'anciens du régime déchu mais
surtout un fondamentalisme musulman étranger au monde somali.