Un imbécile heureux, comme tant d'autres : une existence sans
problèmes et puis l'impression que le temps est passé trop vite,
qu'il y aurait tant à faire encore, tant de femmes à aimer, tant
de gloire à glaner... Alors, on se dit qu'il ne faut plus perdre une
minute, qu'il faut tout essayer, tout tenter pour tout obtenir...
Peu importent les conséquences, la souffrance des autres
réduits à n'être que les moyens d'un égoïsme forcené. Il n'y a
que moi ! Quand la crise se termine, qu'un champ de ruines
entoure l'imbécile, il ne pense qu'à regagner benoîtement ses
pénates. Il ne songe qu'à un passé qu'il arrange à son goût, se
fabrique un masque de victime et n'aspire plus qu'à retrouver
sa vie calme d'avant, sans difficultés ni complications. Il n'a pas
un regard pour les larmes, les cadavres, les gravats qu'il laisse
derrière lui. Il a tant souffert ! Vite l'épaule de celle qu'il bafoue,
l'indispensable consolatrice, la mère amante, vite le retour aux
vieilles et confortables habitudes... le temps de reprendre des
forces pour un nouvel accès.
Un imbécile heureux ou malheureux, c'est selon.