Pour le théologien africain, l'inculturation, plus qu'un souci, est un
tourment. Laisser le Christ s'enraciner profondément dans la terre
africaine conduira à prendre parfois le chemin du risque, pour prouver
et éprouver ses valeurs culturelles.
L'imitation est un risque. Elle est ici traitée comme un pont entre
la culture et la foi. Sur le plan culturel, elle est une pédagogie des
sociétés traditionnelles acquise à l'école de l'initiation. Pour grandir, le
cadet ne perd pas des yeux l'aîné. Sur le plan de la foi, elle est
l'expression même de l'itinéraire christique : «le Fils ne peut rien faire
de lui-même, mais ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement»
(Jn.5, 19).
L'imitation, spiritualité chrétienne africaine, devient simplement
une réponse du chrétien africain à la question du comment vivre dans
un contexte contemporain où sont exacerbées l'autonomie et
l'affirmation de soi. Foi et culture africaine se rejoignent dans cette
spiritualité de l'imitation, pour construire l'homme dans l'éthique
chrétienne par les chemins du «savoir-être», du «savoir-faire» et du
«savoir-vivre».