Ce livre est l'histoire d'un cheminement à travers des idiomes qui sont autant de formes, de rythmes, de noms, dans la multiplicité des questions posées pour dire ce qu'est l'impatience des langues. Ce cheminement philosophique va de la patience du concept à l'impatience de son refus. Il est comme l'incessant recommencement du « refus de la patience du concept » dans l'entrelacs de langues aussi prometteuses que menaçantes, puisqu'elles accueillent l'aléatoire du temps tout en demeurant exposées à la ruse exorbitante du concept. Sur le chemin de l'impatience des langues, des questions se pressent. Y a-t-il un temps de la politique ? À quels usages des langues et de leurs entre-traductions est assigné ce temps ? En quoi la justice signifie-t-elle la scansion de ces temps désajointés et discordants ? Peut-on penser une justice sans destin et sans téléologie ? Pourquoi et comment l'amour vient-il faire effraction dans ces mouvements, comment vient-il les altérer encore ? La mémoire oublieuse et infidèle est-elle une condition du partage et de la promesse ? L'exil peut-il en dessiner l'horizon ? Et le messianisme, pourquoi en parler aujourd'hui ? Quelles langues, pour quelle éthique ? Dans ce livre à deux voix, Danielle Cohen-Levinas et Gérard Bensussan mettent ainsi la philosophie à l'épreuve d'elle-même en la désaccordant de ce qui historiquement l'engage et la porte.