«Un trait de la vie humaine qui a été vraiment central pour l'imagination, une
chose que l'imagination a travaillée, qu'elle a élaborée, dont elle a fait quelque
chose, est que dans le monde, dans nos vies, il y a nous (c'est-à-dire les gens) et les
animaux. Nous leur sommes mystérieusement semblables et mystérieusement dissemblables.
[...] Les philosophes traitent parfois l'idée d'un contraste entre nous et
les animaux ou bien comme une erreur complète de notre part ou bien comme
quelque chose d'excentrique, une façon excentrique de parler, survivance d'une
époque où notre classification naturelle était erronée. Mais le contraste n'est pas
une erreur de classification naturelle [...]. Le langage du contraste provient de
notre sens de ce qu'il y a de mystérieux dans la vie humaine ; et j'affirme que ce sens
est important pour la pensée morale en raison de sa capacité à pénétrer ce que nous
faisons, disons, ressentons et pensons.»
(Cora Diamond)
Les essais de Cora Diamond regroupés ici complètent son grand
ouvrage, L'esprit réaliste, par l'examen de difficultés morales particulières :
elle pose, par exemple, la question de savoir si nous pouvons tuer en
temps de guerre (alors que nous nous l'interdisons dans des circonstances
normales) ou si nous pouvons manger des animaux (alors que nous ne
mangeons pas nos compagnons humains). Elle utilise et transforme pour
cela l'idée même de l'humain, plus précisément de «l'importance d'être
humain».