En avance d'un demi-millénaire sur l'Europe pour la reproduction
des textes et des dessins, la Chine a permis l'essor d'une civilisation
où la tradition écrite - sous la forme d'inscriptions, de manuscrits,
de xylographies - est restée sans équivalent ailleurs. Longtemps, les
chercheurs ont privilégié, dans leurs études historiques, les aspects
techniques de l'imprimerie en Chine, pratiquée sous une forme
artisanale ou comme un art. Des spécificités propres à la culture et, en
particulier, à l'écriture des Chinois expliquent l'importance accordée
- plus qu'en Occident - à la forme et au support, à la place éminente
dévolue à l'art de la calligraphie, aux styles, à la qualité des matériaux
employés, le papier, l'encre, le pinceau, la pierre à encre, etc.
L'enthousiasme dont fit preuve Thomas Carter pour retrouver la
filiation entre l'imprimerie chinoise et l'invention de Gutenberg a
conduit les Chinois à prendre conscience non seulement de l'importance
mondiale de l'invention de l'imprimerie mais également de l'influence
de leur propre histoire sur l'origine de l'imprimerie occidentale. Bien
que le lien irréfutable ou la preuve définitive restent encore à trouver,
les indices ne manquent pas qui laissent raisonnablement supposer
le rôle déterminant de la Chine dans la naissance de l'imprimerie et
sa transmission jusqu'en Occident. Même si les recherches de Carter,
dans cet ouvrage publié en 1925 et revu par L. C. Goodrich en 1955,
s'arrêtent au XVe siècle, nous sommes redevables aux auteurs de nous
conduire vers d'autres réflexions et d'autres comparaisons sur le rôle
et la place de l'imprimerie en Chine et en Occident jusqu'à l'époque
actuelle.