Pourquoi depuis plus d'un siècle, les sociétés occidentales fondées sur les
valeurs de compétition et d'individualisme, finissent à terme, par conduire
au désordre social et à l'apathie politique ?
Sans céder au «démon de l'analogie», l'auteur démontre les liens étroits qui,
depuis la fin du XIXe siècle, unissent les crises politiques des libéralismes aux
discrédits des institutions parlementaires, à l'émergence des populismes, et aux
violences destructrices des guerres et des terrorismes. À chaque fois le monde
de la sécurité, établi sur les promesses de la raison, de l'autonomie de la volonté
individuelle, de l'émancipation par le progrès des techniques et des sciences,
... à chaque fois ce monde s'effondre. À chaque fois, la liberté et l'égalité
se révèlent comme des valeurs abstraites, réduisant l'espace authentique du
politique comme peau de chagrin. À chaque fois l'accroissement des richesses
collectives s'accompagne du profit de quelques-uns aux dépens de tous. Or,
l'abandon des peuples à leur misère matérielle et culturelle constitue le «fonds
de commerce» des extrémismes, des populismes et des haines sociales.
L'ouvrage montre également comment l'émergence de la psychanalyse, et
plus généralement des sciences sociales ou du darwinisme à la fin du XIXe
siècle, constituent des révolutions symboliques qui mettent à terre les vieilles
prétentions libérales d'un sujet auto-entrepreneur de son destin. Si ces révolutions
symboliques ont tant bien que mal entretenu des visions humanistes du
social, elles ne sont pas parvenues à transformer durablement la société.
Comment sortir de cette logique d'une masse d'individus déçus et désespérés
? Comment rétablir la vie politique dans un monde intellectuellement
et moralement ruiné par la religion du marché ? Comment écarter cette
démocratie sécuritaire qui se profile au nom de la lutte contre les terrorismes ?
Comment refonder un nouvel humanisme riche des expériences dont nous
sommes les héritiers ?