On a beaucoup écrit sur la deuxième Guerre mondiale et sur la guerre
d'Indochine (1946-1954). Mais très peu sur l'étonnante aventure de l'Indochine
dans la deuxième Guerre mondiale (1940-1945).
Isolée, soudain, d'une Métropole écrasée en juin 1940, l'Indochine française
de l'amiral Decoux est restée, après 1942, le seul îlot «blanc» dans le raz-de-marée
nippon d'après Pearl Harbor. Contrainte d'accepter un stationnement et un
transit de troupes japonaises, elle a, au contraire de la France occupée, maintenu
une souveraineté française entière et une armée libre de ses mouvements. Le tout
au prix d'une allégeance appuyée au lointain Maréchal et d'une forte autorité,
parfois marquée de bavures, mais toutes deux vitales, face aux Nippons, pour la
survie de cette France du bout du monde.
Inventive par nécessité, elle a sauvé l'économie. Plus étonnant, elle a lancé
un véritable «aggiornamento» du statut colonial, multiplié les écoles et les stades,
réhabilité les patries et relancé leurs cultures.
Cet «incroyable pari», suivant le mot de L. Bodard, a tenu cinq ans.
Pourquoi, le 9 mars 1945, moins de cinq mois avant Hiroshima, Tokyo a-t-il été
conduit à balayer l'imperium français ?
L'auteur décrit le fatal enchaînement né du malentendu entre la France
libérée et une Indochine qui allait bientôt lui revenir intacte, avec les conséquences
tragiques qui en ont découlé.
Le 9 mars 1945 a engendré la guerre d'Indochine.