L'ingénierie procréatique et l'émergence d'une génération bâtarde des droits de l'homme
Les tout premiers balbutiements des droits de l'homme sont à rechercher dans la posture philosophique de Socrate. Ce dernier revendiquait en effet le « droit » à la liberté. Celle-ci coïncidait avec la participation des citoyens aux affaires de la Cité. Ce « droit fondamental » à la liberté, bien qu'il revêtît une connotation relativement élitiste, avait néanmoins un fondement rationnel. Les trois générations classiques des droits de l'homme issues des Lumières obéissent au même référentiel.
En revanche, la génération émergente des droits de l'homme induite par la dynamique biomédicale n'est fondée ni sur la raison ni sur le droit naturel. Voilà pourquoi nous l'avons qualifiée de bâtarde. Il s'agit en effet d'une constellation de désirs et d'intérêts individuels essentiellement fongibles qui sont érigés en droits fondamentaux et revendiqués par des prestidigitateurs américains du droit, à l'instar du droit de manipuler génétiquement un embryon humain. Or l'ordonnancement juridique, quoique rarement immuable, revêt une dimension morale de première importance. C'est cette métaphysique essentielle du droit qui fait défaut au « biojuridisme » nihiliste ambiant.