Depuis son émergence en Occident, la science s'est construite en rupture avec l'expérience humaine, avec la façon dont nous percevons les choses. Cette «coupure épistémologique» est à l'origine du schisme entre la science et la philosophie. Or aujourd'hui, la science s'attaque à ce domaine qu'elle avait concédé à la philosophie : l'esprit humain - et c'est ce qu'on appelle les «sciences cognitives». Ce livre montre magistralement que par leurs avancées les plus récentes, dont ils dressent un bilan fort éclairant en lui-même, les sciences cognitives déconstruisent la conception classique du sujet humain que nous a léguée la philosophie. En fait, elles vont si loin dans ce sens qu'elles nous permettent de penser l'esprit en dehors de toute référence à la notion de sujet.
Cette «déconstruction» risque de nous désespérer si elle reste confinée au monde de la science, une science bien décidée à envahir tout le domaine qu'elle avait laissé à la philosophie.
Il ne faut donc laisser ni à la science ni à la philosophie le monopole de cette déconstruction de l'image classique et rassurante du sujet humain : il faut éduquer notre expérience à la faire pour notre propre compte. Ce livre, entre autres mérites, propose une méthode pour y parvenir.
C'est, selon les auteurs, la tradition bouddhique de la «voie moyenne» qui peut nous permettre, existentiellement, de nous voir comme des êtres pensants sans sujet et de faire nôtre, «sans angoisse», une éthique du «sans fond».