L'association de l'État de droit et de l'État social
devait permettre de construire une «société de
semblables» où, à défaut d'une stricte égalité,
chacun serait reconnu comme personne indépendante
et prémuni contre les aléas de l'existence
(chômage, vieillesse, maladie, accident du travail...) ;
«protégé», en somme. Ce double pacte - civil et
social - est aujourd'hui menacé. D'un côté, par une
demande de protection sans limites, de nature à
générer sa propre frustration. De l'autre, par une
série de transformations qui érodent progressivement
les digues dressées par l'État social : individualisation,
déclin des collectifs protecteurs, précarisation
des relations de travail, prolifération des «nouveaux
risques»... Comment combattre cette nouvelle
insécurité sociale ? Que signifie être protégé dans
des «sociétés d'individus» ? C'est à ces questions
que tente de répondre Robert Castel.