Quand il prend la tête de l'hôpital
psychiatrique de Gorizia,
aux débuts des années 1960,
Franco Basaglia constate
que l'institution,
lieu d'exclusion social,
réduit la «folie» à des paramètres
purement médico-biologiques,
et tend à chosifier radicalement
le patient : de sujet, il devient objet,
de «personne à comprendre»,
il devient «problème à gérer».
Exproprié du sens de sa souffrance
comme de sa parole,
le patient, réduit au statut de
«danger pour lui-même
et la société», n'est plus soigné,
mais simplement parqué.
Franco Basaglia, en un geste inédit
et révolutionnaire, décide alors
de rompre avec la structure asilaire.
Son asile psychiatrique n'est plus
un espace fermé, mais ouvert.
Les patients peuvent
librement en sortir,
les proches librement les visiter.
Des assemblées générales
- quotidiennes et non obligatoires -,
réunissent psychiatres,
personnels soignants et patients,
et permettent de fixer
démocratiquement les règles
de la vie communautaire.