"L’Insurgé", autobiographie romancée et troisième volume de la trilogie sociale "Jacques Vingtras, Mémoires d’un révolté", est dédié à tous ceux qui donnèrent leur sang pour la Commune de Paris. Le futur fondateur du "Cri du peuple" et leader de l’insurrection déploie toute sa verve pour retracer ici l’histoire et le climat vibrant de la semaine tragique: l’armée des Versaillais qui pénètre dans Paris, la guerre des barricades, les incendies et massacres d’otages. En fin de compte, Thiers est maître de la situation. Vingtras se croit perdu tout de bon: «Je m’imagine que nous n’avons plus que quelques heures devant nous pour embrasser ceux que nous aimons, bâcler notre testament si c’est la peine et nous préparer à faire bonne figure devant le peloton d’exécution.» Par chance, le pire n’est pas toujours certain. Condamné à mort, Vingtras réussit à échapper aux recherches et à gagner Londres. Pendant sa fuite, regardant alors le ciel du côté de Paris, il est frappé par sa couleur: «On dirait une grande blouse inondée de sang.» Jules Vallès le révolté arrache ici des lambeaux de sa vie, les ajuste, les coud ensemble et s’en sert comme d’un étendard. Quelle que soit l’amère complaisance qu’il mette dans ce jeu, il n’en ressuscite pas moins son époque avec un accent qui perce le cœur.