Les univers romanesques au Sénégal et au Québec paraissent à première vue bien différents. Ils renvoient à deux réalités culturelles et géographiques : l'un se développe sur le continent africain tandis que l'autre évoque l'Amérique du Nord. Pourtant, les romans sénégalais et québécois sont le reflet d'une même réalité. Dans des circonstances bien déterminées, les écrivains se prononcent, prennent position sur les problèmes de société. Ils sont unis par des liens encore plus profonds. Malgré leurs différences, ces pays ont eu à subir ou subissent encore une présence étrangère : française pour le Sénégal, anglaise pour le Québec. De tels évènements ne pouvaient laisser les écrivains indifférents. Face à une situation de domination, d'oppression, le romancier a forcément un devoir de résistance.
La tendance est de dénoncer, combattre, s'attaquer au colonialisme sous toutes ses formes. Les Bouts de bois de Dieu de Sembéne Ousmane, Menaud, maître draveur de Félix Antoine Savard, en sont des exemples révélateurs.
Le contexte politique des années 60 : l'ére post-coloniale, la période des réformes explique et justifie le changement de cible et d'orientation. Une refonte du système politique garantissant la démocratie, rencontre un écho dans les œuvres : Le Temps de Tamango de Boubacar Boris Diop, Salut Galarneau de Jacques Godbout.
Ainsi, les rapports entre roman et société offrent un point de convergence à savoir un siècle d'histoire politique, littéraire. De la lutte contre le colonialisme à la lutte contre certaines traditions, l'inspiration, la réflexion sont semblables. A partir de là, l'interculturalité est un concept juste et convenable.