La France, sous l'impulsion de François Guizot, se dote en 1833 d'une loi scolaire qui, en encourageant la généralisation du réseau des écoles primaires sur tout le territoire, impose dans certaines régions un modèle scolaire déjà en usage dans d'autres. Les pratiques scolaires sont en effet très disparates sous l'Ancien Régime comme, encore, sous la Monarchie de Juillet.
Cet ouvrage montre que dans le nord de la Champagne la demande sociale d'instruction, d'éducation et de surveillance est manifeste bien avant les lois scolaires. Cette pression favorise l'invention de l'école : la généralisation d'un système de scolarisation cohérent. Une certaine «idée» de l'école s'impose en même temps que la prise de conscience de son importance sociale. Les acteurs locaux ont une responsabilité particulière dans l'évolution rapide de l'école, notamment dans le cadre des comités de surveillance qui préparent la transition vers une école «appareil d'Etat».
De 1820 à 1850, toutes les communes ou presque se dotent de bâtiments d'école neufs ou reconstruits. Les maîtres d'école deviennent des instituteurs, des notables locaux. Ils se consacrent de moins en moins à la gestion matérielle et de plus en plus à la pédagogie. Désormais le bâtiment scolaire s'appelle «l'école», lieu reconnu de socialisation, d'hygiénisation exemplaire de l'enfance.
Maintenir l'ordre social tout en formant une citoyenneté : voilà le cadre idéologique de cette mutation.