A travers une analyse minutieuse de deux oeuvres majeures de
Giorgione, Les trois philosophes et La tempête, l'auteur rappelle
ce que doivent être les conditions d'une véritable interprétation
de l'oeuvre d'art. Après un recensement de toutes les exégèses
que les critiques et les historiens de l'art ont proposées, il entreprend
de rechercher le sens perdu de ces deux oeuvres énigmatiques,
d'abord en les replaçant dans une série iconographique
précise, puis en restituant les rapports qui unissaient le peintre à
ses commanditaires. Que pouvait représenter la possession
d'oeuvres d'art pour les plus raffinés des Vénitiens du début du
XVIe siècle, qu'y recherchaient-ils et quel plaisir y prenaient-ils ?
C'est de la réponse à ces questions d'histoire sociale des pratiques
culturelles, et non d'une philosophie éternelle du Beau,
qu'on peut attendre une interprétation de telles oeuvres.