Quand commence l'histoire de la Suisse ? Sans doute au moment où des traces attestent la présence d'habitants sur le territoire que nous appelons de ce nom. Plus certainement lorsque les groupes humains qui l'occupent se perçoivent comme différents, participent à la même histoire et au même destin. De ce point de vue, ce n'est guère avant le XVe siècle que des communautés de vallée et des villes souveraines tendent à se penser plus collectivement. C'est ce que suggère le titre de ce premier volume, L'invention d'une Confédération.
Mais la Suisse ne serait pas ce qu'elle est sans les clivages religieux du XVIe siècle. La complexité de fonctionnement du réseau confédéral après les Réformes - la protestante d'abord et la catholique qui lui répond - s'explique surtout par la non-superposition des différences entre les villes et les campagnes, entre la montagne et la plaine, entre les langues, entre la fidélité générale à l'Empire et celle plus partagée pour la France ou l'Espagne. Cette complexité est garante de la survie en Europe d'une construction singulière de territoires aux statuts divers, toujours ouverte sur le monde extérieur et sensible aux rythmes de la grande histoire. Ce livre a l'ambition d'en donner le récit autrement.