Vendeur : Il faut que l'acheteur sache qu'à côté de votre compétence, vous proposez aussi une certaine docilité.
Maintenant, pliez-vous.
Devant, derrière.
Une salariée souple fait toujours bonne figure.
Flexibilité !
Le frère : Je ne peux pas te laisser faire ça, Paula.
Paula : Mais pourquoi Jo, pourquoi ? On doit tout essayer, sinon je vais passer pour une feignante, une saloparde de chômeuse, une poufiasse improductive. ...
J'avais un travail, je l'ai perdu.
Le frère : On te l'a enlevé, on t'a licenciée comme des tas d'autres.
Paula : Tu te trompes, Jo.
Le frère : Tu perds ton travail parce que tu es un jeton dans leur machine. Tu n'es qu'un pourcentage dans leur masse salariale.
Paula : Non, tu te trompes, c'est ma faute. C'est eux qui ont raison...
On liquide, on solde. Fini le temps du reclassement via les services de l'emploi ou autres organismes parastataux. Du moins pour ceux qui présentent un profil « difficile », voire pratiquement désespéré : les vieux trop chers et physiquement limités, les jeunes trop inexpérimentés et forcément moins motivés, les femmes qui pourraient encore enfanter...
Reste le système D, le marché public de l'offre et de la demande, bref l'organisation de soldes pour liquider les stocks !
Car en ce temps où le mot « crise » est sur toutes les lèvres, qui ose encore embaucher dans des conditions décentes ?
Avec son humour grinçant et son grand talent de dialoguiste, Jean-Marie Piemme nous plonge une fois de plus dans une de ces comédies sociales et politiques dont il a le secret.