On se représente souvent l'Iran comme un empire des Mille
et une nuits qu'une révolution aurait fait sombrer dans le Moyen
Âge. Cet ouvrage en donne une image moins simpliste, celle
d'un pays qui a réussi à se libérer de la tutelle de l'Occident alors
que ses richesses en pétrole en avaient fait l'objet de toutes
les convoitises. Celle d'un pays à la civilisation plusieurs fois
millénaire, mais à l'identité complexe puisque les non-Persans
y forment près de la moitié de la population. Un pays, enfin,
dont l'histoire, depuis la Seconde Guerre mondiale, n'a cessé
d'avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières, et qui est
parvenu à s'imposer comme puissance régionale.
Tout au long du XXe siècle et jusqu'à nos jours, l'Iran a
surmonté tant bien que mal de nombreuses crises qui, paradoxalement,
lui ont permis de se construire une nouvelle identité.
Les aspirations démocratiques sous les Qâjar, l'autoritarisme
réformateur de Rezâ Shâh, le nationalisme intransigeant de
Mosaddeq, les ambitions modernisatrices de Mohammad-Rezâ
Shâh, l'obsession de revanche et les conceptions populistes de
Khomeyni et de ses émules ont amené le pays à de douloureuses
transitions dont certaines ont constitué de véritables révolutions :
mouvement constitutionnaliste, nationalisation des pétroles,
réforme agraire, urbanisation, soulèvement islamique.
Loin d'être une survivance du passé, l'Iran apparaît aujourd'hui
comme un laboratoire des évolutions du tiers-monde.
Alors qu'il doit faire face à de nouvelles menaces à ses frontières,
il affiche plus que jamais sa volonté de faire entendre sa voix sur
la scène internationale, non sans mêler provocations inutiles et
revendications légitimes.