L’oeuvre d’Emmanuel Levinas est depuis quasiment son commencement et jusqu’à ses ultimes écrits caractérisée par la quête d’une phénoménalité défective, échappant à toute représentation. La nouvelle voie dont parle Levinas consistera à déborder les perspectives de la métaphysique humaniste, à prendre le risque de remettre en cause l’enracinement de l’humain dans la profondeur de l’être. Rien de moins donc que l’aspiration à une pensée de l’extériorité irréductible de la séparation et du face-à-face, s’efforçant de trouver une orientation, une sortie de l’être vers un Dire accordé aux commandements inouïs d’autrui.
Cinquante ans après la publication de Totalité et Infini, il nous a semblé pertinent de proposer des lectures et interprétations croisées de ce très grand livre d’Emmanuel Levinas, qui fut le premier dans le paysage intellectuel de l’époque à élaborer une pensée, voire une théorie de la subjectivité face à l’autre présupposant toujours le surgissement et l’interpellation de la parole qui vient rompre l’économie immanente du Même.