Dans le vaste répertoire des contes populaires, les petites filles sont nombreuses à arpenter les sentiers des forêts. Par choix ou par obligation, elles y trouvent la plupart du temps matière à grandir, à s'initier à la vie, à mesurer les pièges d'un monde parfois cruel par les épreuves qu'il impose à ceux - et surtout à celles - qui veulent s'épanouir.
Daniela Ginevro rappelle ici, à sa manière, cinq contes mettant en jeu des fillettes aux prises avec d'autres personnages emblématiques qui hantent les sous-bois.
Il ne s'agit ni de réécriture, ni d'adaptation, ni encore moins d'actualisation. Juste une envie de les revisiter, en tout ou partie, en essayant d'adopter le regard des jeunes lecteurs auxquels elle s'adresse.
Des textes à lire juste pour soi ou à haute voix pour les partager avec d'autres. Des textes à discuter aussi, à compléter, à réécrire sous d'autres points de vue...
Après des études en littérature et linguistique romanes, Daniela Ginevro a poursuivi son parcours à la Kleine Academie à Bruxelles. Elle exerce aujourd'hui les professions d'enseignante, de metteuse en scène et d'auteure. En 2023, avec sa pièce Au-dedans la forêt, elle a remporté pour la deuxième fois le Prix Annick Lansman.
La petite fille a pour habitude de gambader.
Dans la forêt. A travers champs.
Sur les sentiers. Dans les rivières.
Entre les rochers.
Les petites filles du village la voient courir depuis le chemin.
Courir les pieds nus.
La robe déchirée.
Les genoux écorchés.
Elles se disent : « Quelle vagabonde ! »
Et elles se détournent en riant dans leur tablier.
La petite fille à la chevelure emmêlée n'en a cure.
Elle court.
Elle court, elle sautille, elle danse, la chevelure au vent.
La forêt la nourrit de myrtilles, fraises sauvages et groseilles.
La rivière lui offre son eau claire.
Le sol moussu, un endroit où se reposer.
Les arbres, des abris où se blottir.
Les animaux sont ses compagnons.
« Une vraie sauvage ! » disent les petites filles du village.