Littérature et complexité
Au XXe siècle, la science a découvert (ou redécouvert) la notion de complexité et ses trois formes : compositionnelle, systémique, algorithmique.
Mais la littérature, attentive aux singularités de la vie, n'a cessé de rendre manifeste une telle complexité. Elle en a exploré la première forme dans les romans où foisonnent les personnages (Balzac, Proust, Martin du Gard) ; la deuxième, à travers les intrigues enchevêtrées des romans policiers ou apparentés (James, Joyce, Borges, Bioy Casares, Modiano, Echenoz). On peut même soutenir que la dernière forme ne lui a pas échappé, si l'on prend en compte certains romans-machines (Roussel, Sollers, Pérec) ou l'essai de Camus sur Le mythe de Sisyphe, l'absurde de répétition étant précisément l'illustration d'une boucle infinie algorithmique.
Après avoir étudié les sources de la complexité, le présent travail commente certaines figures de celle-ci et tente, au-delà de la science et de la politique, de caractériser le type de savoir auquel la littérature donne accès.