Partant de l’idée que la Nouvelle-Angleterre désigne moins une région ou un territoire aux frontières clairement délimitées qu’elle ne figure un projet politique aux formes changeantes, cet ouvrage analyse le rôle prédominant qu’y a joué la littérature, non seulement en tant que production intellectuelle visant à s’émanciper du modèle culturel européen, mais aussi « en tant que littérature ». Du récit de captivité de Mary Rowlandson à Washington Irving, de Ralph Waldo Emerson à Henry David Thoreau, de Nathaniel Hawthorne à Susan Howe en passant par Emily Dickinson ou Henry James : qu’ils examinent les modalités de l’intrication du singulier et de la communauté ou qu’ils interrogent le rôle ambigu que jouent les lettres dans la constitution d’un espace commun, tous les articles s’accordent sur le fait que la littérature induit un rapport inédit au monde. Couvrant un intervalle de près de quatre siècles, ils montrent, chacun à sa manière, que la littérature de Nouvelle-Angleterre est toujours de nature politique, mais aussi, peut-être, que la politique est sans cesse travaillée par des pratiques de langage que la littérature invite à repenser.