La théorie des systèmes du sociologue allemand Niklas Luhmann (1927-1998) conçoit la société moderne comme un ensemble de systèmes fonctionnellement différenciés. Dans cette optique, la politique, l'économie, le droit, la science, la religion et également l'art se caractérisent par une autonomie qui est la conséquence de la clôture opérationnelle de ces systèmes. La théorie des systèmes ouvre des perspectives porteuses pour l'analyse de la littérature, qui est appréhendée comme un sous-système de l'art. Le présent volume applique cette approche à des textes littéraires significatifs, allant du Moyen Âge jusqu'à l'ère contemporaine, au travers d'analyses mettant en relief ses aspects constitutifs.
La première partie de l'ouvrage introduit trois concepts clefs de la théorie luhmannienne en considérant leur utilité pour une meilleure compréhension de textes littéraires : l'autopoïésis, le rapport entre médium et forme, l'observation de second ordre. La deuxième partie se focalise sur les enjeux de l'autonomie des systèmes des points de vue de la solitude de l'individu et des rapports entre littérature et morale ainsi qu'entre littérature et savoir. La troisième partie est consacrée à la fonction sociale de la littérature à l'exemple du concept de la sémantique de l'amour et du rôle de la narration collective dans la naissance d'une société.
Le transfert méthodologique mis en œuvre dans cet ouvrage par un spécialiste d'épistémocritique, de théorie littéraire et d'études mémorielles, est inédit en langue française et ajoute une nouvelle facette à l'inventaire interprétatif des littératures ancienne et moderne.