LIVRE DE CHRONIQUES III
Ces nouvelles chroniques de Lobo Antunes sont des Polaroïds qui captent l'instant perdu : les yeux vides d'une fillette réchappée d'une pluie de bombes, des cadavres sans noms trop vite oubliés, une sensation d'à-quoi-bon, la mélancolie d'une femme divorcée, un silence coruscant, l'odeur des vagues à l'instant où l'air est plus froid que l'eau, un portrait de l'artiste en jeune homme, une « recette » pour lire ses romans, la solitude à laquelle le condamne l'écriture...
Des mots lâchés qui obstinément retournent en arrière pour contempler une dernière fois un immense et lumineux champ de tournesols laissé en Angola. Pour serrer encoure une fois la main de son ami José Cardoso Pires survolant Lisbonne avec un verre de whisky. La main de sa grand-mère chérie qui lui offrait tous les gâteaux qu'il désirait à la pâtisserie Paraíso de Benfica. La main de son grand-père bougon qui fabriquait des nuages au pied de ses vignes dans la Beira Alta...