Métaphysique d'Aristote / commentaire de Thomas d'Aquin
Aristote entreprend une démarche de purification progressive de la notion d'être à partir de ses principes généraux, pour ne retenir de l'être commun que la substantialité, l'actualité et l'unité, abstraction faite de toute matérialité et de toute composition. C'est sur ces concepts épurés, qu'il fera reposer sa vision analogique de l'Être premier. L'être en tant qu'être n'étant que le chemin vers l'Être premier, il n'est, en effet, pas nécessaire d'en faire la recension exhaustive avant de chercher à atteindre le but ; mais au contraire, laissant de côté tout ce qui ralentirait sans apporter de contribution, Aristote se consacre à atteindre le plus directement possible cette « science recherchée ».
Son approche consiste à examiner chacune des alternatives divisant l'être, pour ne retenir que ce qui se présente comme le plus parfait, et délaisser le reste. Cette hiérarchisation des préoccupations ne peut se comprendre que dans la perspective que nous avons dite - l'intention fondamentale d'Aristote - sa « science recherchée », qui est de contempler effectivement les principes premiers de l'être.
Aristote définit donc par épuration, une substance par soi, identique à son essence, acte pur et spirituel, génériquement incorruptible, dont il démontre l'existence et à qui il donnera un nom caractéristique : « pensée de la pensée ». Qu'entendre par pensée de la pensée ? C'est ce à quoi est consacrée la fin du dernier livre, le coeur même de la Métaphysique, en somme, pour lequel tout ce qui a précédé n'était que préparatoire.