Interférences
L'oeil littéraire
Le regard, qu'il soit insensible ou insistant, discret ou fuyant, semble être inhérent à l'écriture littéraire, quels que soient l'époque, l'aire géographique, le genre ou le type d'écrivain considérés. Toutes les strates textuelles recèlent quelque dispositif optique, du coup d'oeil de tel personnage à la visualisation par l'auteur de fragments de son texte en passant par les figures de style imagé ou la focalisation du narrateur. Écriture littéraire et perception visuelle apparaissent comme naturellement coextensives. À telle enseigne que cette relation passe souvent pour une évidence qui ne demande plus vraiment à être examinée.
En dix chapitres consacrés à autant de corpus relevant des principaux genres et couvrant les XVIIe-XXIe siècles, ce livre fait le point sur la question, tout en ouvrant de nouvelles pistes de recherche. Ainsi, l'écriture littéraire entendue comme « écriture-vision » permet de réévaluer le rôle de la lecture en termes de « lecture-vision » plus ou moins compatible. Véritable matrice de vision spécifiquement littéraire, cet « oeil littéraire » est également un révélateur singulier des options poétiques ou éthiques qui travaillent le texte. Il permet d'avoir une perspective enrichissante sur l'oeuvre d'auteurs aussi différents que La Bruyère, Diderot, Woolf ou Bonnefoy, mais aussi sur les logiques et l'évolution du champ littéraire dans son ensemble, espace de points de vue sur la littérature.