L'œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance est considéré, à juste titre, comme un ouvrage d'une importance capitale qui fait date dans les études rabelaisiennes. La méthode d'investigation littéraire de Mikhaïl Bakhtine, fondée sur les principes d'un marxisme vivant et enrichissant, lui a permis d'éclairer sous un jour totalement nouveau l'œuvre de notre grand écrivain, sur la base d'une étude approfondie de ses sources populaires.
«Si Rabelais, explique l'auteur, nous fait l'effet d'un solitaire qui ne ressemble à nul autre parmi les grands noms de la littérature des quatre derniers siècles, au contraire, sur la toile de fond du trésor populaire convenablement mis au jour, ce sont ces quatre siècles d'évolution littéraire qui risquent plutôt de nous paraître spécifiques, privés de ressemblance avec quoi que ce soit, tandis que les images de Rabelais nous apparaîtront tout à fait à leur place dans l'évolution millénaire accomplie par la culture populaire.»
Afin de comprendre Rabelais il faut se débarrasser de toutes les conceptions et notions artistiques ancrées dans l'esprit des contemporains, situer sa place et son rôle dans le vaste flot de la culture comique populaire qui s'est opposée à la culture sérieuse, officielle, des classes dominantes.
Dans ce but, l'auteur analyse à tour de rôle les différents éléments constituants de la culture comique populaire dans l'œuvre de Rabelais : le vocabulaire de la place publique, les formes et images de la fête populaire, le banquet, l'image grotesque du corps, le bas matériel et corporel, et enfin les images de Rabelais et la réalité de son temps.