Le statut de l'oeuvre d'art a connu de profonds bouleversements au XXe siècle, en particulier à partir des années 1950. Dans les différents champs d'expression, nombreux sont les artistes qui ont fait en sorte que leurs oeuvres ne soient plus fixées sous une forme définitive, univoque, mais qu'elles puissent se présenter sous de multiples facettes.
Ce sont toutes ces modalités d'ouverture de l'oeuvre qui sont tour à tour envisagées ici, dans les domaines de la musique (Cage, Boulez, Stockhausen...), de la littérature (Joyce, Queneau, Butor...), de la danse (Cunningham, Nikolaïs...), des arts plastiques (Calder, Rauschenberg, Nam June Paik et les artistes du mouvement Fluxus...), de l'architecture (Gehry, Buckminster Fuller, Yona Friedman...).
Mais l'ouverture de l'oeuvre reste-t-elle une visée utopique, un projet dominé par des principes de nature combinatoire, ou bien contribue-t-elle à réduire l'écart entre celui qui produit et celui qui reçoit ? À l'heure où culture semble rimer davantage avec consommation, divertissement, voire distraction ou politique des loisirs qu'avec connaissance, le débat sur l'« oeuvre ouverte » est, par définition, loin d'être clos...