L'Office du Travail 1891-1914
La République et la réforme sociale
À la fin du XIXe siècle, la prise de conscience de la question sociale coïncide avec, d'un côté, une volonté d'institutionnaliser les rapports sociaux et, de l'autre, l'affirmation et la consolidation d'une idéologie républicaine. Dans ce contexte, la création de l'Office du travail incarne le compromis élaboré entre libéraux, catholiques sociaux, radicaux et socialistes pour apporter une solution politique, administrative et scientifique à la question du travail. Créé en 1891, l'Office du travail sert de matrice au ministère du Travail, sans pour autant se confondre avec son ministère de tutelle créé en 1906.
L'Office du travail s'affirme comme un laboratoire de la régulation sociale. Par ses enquêtes et ses statistiques, il met à disposition des législateurs, des syndicalistes et des réformateurs des connaissances très précises sur le travail, la production et les relations sociales, afin de préparer la réforme sociale. Cette sociologie empirique du travail et ces statistiques offrent un observatoire de la vie ouvrière, des conditions de travail et des modes de production, s'appuyant sur une démarche scientifique novatrice, en résonance avec les expériences internationales.
Un véritable réseau de réformateurs sociaux est à l'oeuvre, mêlant des positivistes à des socialistes, des syndicalistes à des catholiques sociaux : autant de diversité dans les trajectoires que dans les approches de la question sociale. À la croisée de ces réseaux et à la tête de l'institution, la figure du directeur Arthur Fontaine domine la période et fait rayonner l'Office du travail, inscrivant celui-ci dans une nébuleuse internationale de la réforme sociale.