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La nature, telle que l'aura pensé l'Occident, est sans doute menacée de pollution, de destruction, mais ce qu'elle représente avant tout, pour elle-même, c'est une menace d'auto-destruction. Et c'est contre cette menace que la nature doit se protéger - contre sa propre force, sa puissance, sa dunamie. Elle doit pouvoir produire en elle, donc comme un être naturel, de quoi se protéger contre elle-même. Elle doit produire un corps naturel, qui vit et qui meurt, comme tout autre corps. Mais à la différence des autres corps, ce corps doit être capable de penser, de représenter, de concevoir la nature elle-même, sa puissance, son essence, au-delà de sa mort et de son auto-destruction. Un corps, en somme, qui la représente déjà morte, ou, plus exactement, qui se représente lui-même comme sa propre mort. Un corps de deuil. Un corps fantôme. Le corps d'une nature qui se <
De la plus lointaine origine de la philosophie, on aura nommé ce corps fantôme, l'âme ou la psyché.