Logique, structure, énonciation
Le linguiste, quand il étudie une langue, prétend d'abord observer des faits, et ensuite les relier par des lois, ou les expliquer par une théorie. Mais ces « faits » (qu'il se « donne » au départ, et qu'il prend pour évidents parce qu'ils appartiennent à la perception habituelle du langage) sont le produit des théories à travers lesquelles il les voit. Quelques-uns sont le produit de sa propre théorie - et l'on parle de cercle vicieux, d'artefact, ou, d'une façon plus sérieuse, et moins péjorative, de « coût théorique ». La plupart sont le produit de théories anciennes, parfois de théories contre lesquelles l'auteur lui-même se bat. D'où la nécessité de savoir comment la linguistique d'hier a construit les faits dont débat la linguistique d'aujourd'hui. C'est ce que tente de faire cet ouvrage, qui traite de recherches très diverses, aussi bien celles de logiciens médiévaux que de modernes théoriciens de l'énonciation.